Le pays où la monnaie est moins chère
Enfin ! Le yen a entamé cette glissade vers le enyasu (yen bon marché) demandée depuis des années par les gouvernements japonais successifs. Depuis le 10 novembre, annonce de la tenue d'élections législatives, la monnaie japonaise a perdu 10% de sa valeur face au dollar. Face à l'euro, la chute est beaucoup plus impressionnante : -20% !
L'arrivée au pouvoir de la nouvelle majorité emmenée par Shinzo Abe, qui promettait de lutter contre le yen cher et la déflation, au besoin en enrôlant la banque du Japon pour sa cause, a clairement eu un effet sur les marchés. Selon le quotidien Mainichi, le gouvernement voulait abaisser le yen à 90 yens pour un dollar. Objectif déjà atteint à l'heure où nous mettons sous presse. « Le yen a atteint un bon niveau », expliquait le ministre de l'Économie Akira Amari le 15 janvier, alors qu'il s'échangeait à 89 yens pour 1 dollar.
Le gouvernement espère qu'un yen faible donnera de l'air aux exportateurs japonais, garants de la croissance de l'économie, et dynamisera la bourse de Tokyo, qui monte toujours à mesure que le yen s'affaiblit. Pourtant la majorité ne semble pas complètement unie sur cette question. Shigeru Ishiba, numéro 2 de la majorité et possible prochain Premier ministre PLD, a mis en garde contre un affaiblissement excessif du yen. Car ce phénomène renchérit les importations de matières premières, en particulier énergétiques, qui se sont envolées depuis Fukushima. Il est aussi malvenu pour les entreprises japonaises à la recherche de sociétés à acquérir à l'étranger pour accélérer leur mondialisation. Enfin, cette pression sur la monnaie est peut-être le début d'une « guerre des changes » en 2013. La Corée du Sud, la Suisse et Israël ne font pas mystère de leur volonté de maintenir leur monnaie à la baisse pour conserver leur avantage commercial. Le Japon leur offre là un précédent qu'ils auraient tort de ne pas exploiter.