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Tokyo 2020 : quel rôle et influence pour les femmes dans les Jeux Olympiques ?
Le 18 avril dernier, la CCI France Japon, l’association « Femmes Actives Japon » (FAJ) et le pôle débats d’idées de l’Institut Français du Japon ont co-organisé un événement sur le rôle et l’influence des femmes dans les Jeux Olympiques de 2020, à l’Institut Français du Japon-Tokyo. Quatre intervenantes de haut niveau ont pris place sur scène pour un débat animé : Hikariko Ono, la porte-parole du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo, Bénédicte Dorfman-Luzuy, championne française d’aviron, Mizuho Takemura, Ph.D, professeur agrégé à la Faculté des sciences du sport de la Japan Welfare University, et Eriko Takezawa, secrétaire générale de l’association Ginza Machizukuri et du Ginza Design Council.
Le débat était animé par Florent Dabadie, journaliste sportif, directeur des plateaux du direct pour WOWOW tennis et chargé de la coordination des événements sportifs pour l’ambassade de France à Tokyo. Après une discussion sur la diversité dans les JO et le sport, les panélistes ont débattu de l’héritage des JO de Tokyo 2020.
Selon Hikariko Ono, les quatre concepts clés pour les JO de Tokyo 2020 sont : « faire de son mieux » (« ganbaru » en japonais), l’unité, la diversité, et l’héritage aux générations futures. Elle a fait remarquer que les athlètes féminines aux JO ont un rôle important car elles font régulièrement tomber les barrières en inspirant les femmes de leur même génération. Finalement, elle a affirmé constater une claire volonté du gouvernement d’aider les femmes en travaillant notamment sur une déclaration donnant plus de place aux femmes dans l’organisation des événements sportifs.
Etant donné que le nombre d’épreuves aux JO est fixe, une solution serait de remplacer des épreuves masculines par des épreuves féminines. Mais selon Bénédicte Dorfman-Luzuy, les JO sont aussi « l’occasion de montrer qu’il y a de la place pour tous ». Apres avoir donné naissance à ses deux enfants, elle est parvenue à reprendre le sport de haut niveau avec des efforts récompensés car elle a remporté une médaille d'argent aux championnats du monde d'aviron 2005 à Kaizu (Japon).
Tandis que la première édition des JO n’accueillait que des athlètes masculins, reflétant « une vision de la virilité portée sur le désir de l’emporter sur les autres, sur le combat voire l’agressivité », Mizuho Takemura pose la question sur le concept de la féminité. Il ne s’agirait en fait qu’une image subjective, donc abstraite et non universelle. Elle a également évoqué d’autres problèmes, tels que la place des LGBT et des transsexuels aux JO, et les mesures à prendre pour réduire la discrimination.
Eriko Takezawa s’est interrogée pour savoir s’il y avait effectivement un rôle spécial pour les femmes dans les JO de Tokyo 2020 ; si c’est le cas, il faudrait aussi réfléchir au rôle des hommes. Plus généralement, il y a encore une dizaine d’années, peu de femmes reprenaient le flambeau de l’entreprise familiale : cette tendance est en fléchissement, a-t-elle remarqué avec enthousiasme. Cependant, si les femmes japonaises occupent désormais de plus en plus de postes traditionnellement masculins (chauffeuses routières, ouvrières), elles rencontrent encore de grands obstacles pour obtenir des postes hautement qualifiés de cadres ou dirigeants d’entreprise.
Pour conclure le débat, Florent Dabadie a diffusé une vidéo sur son entretien avec l’athlète américaine de soccer Abby Wambach, double médaillée d’or et meilleure joueuse FIFA de l'année 2012. Votée en 1972, « Title 9 » est une loi qui a permis aux Etats-Unis d’entraîner la meilleure équipe mondiale de football féminin : elle interdit toute discrimination sur la base du sexe dans les programmes d'éducation soutenus par l’État, obligeant de fait les lycées et universités à allouer le même budget aux événements sportifs féminins que masculins. Mais la vérité est que les femmes reçoivent bien plus de pression pour réussir que les hommes – ce serait soit « la médaille d’or ou rien » – les budgets étant réduits le cas contraire. Il s’agit donc d’un combat constant, « d’une histoire de faibles et de forts » selon Florent Dabadie, sur laquelle Hikariko Ono, Bénédicte Dorfman-Luzuy, Mizuho Takemura et Eriko Takezawa souhaitent sensibiliser le public.