Communication verbale

Verbal est l'un des plus célèbres artistes de la jeune génération japonaise. Son groupe M-Flo est l'objet d'un véritable culte en Asie, qui se décline non seulement en chansons et en spectacles mais aussi en vêtements et désormais en marketing. Ses mélodies sont célèbres de Bangkok à Los Angeles, où il travaille avec des groupes de la pointure de Kanye West et des Beastie Boys. Avec le Français Pablo Yano, Verbal a fondé Whatif, une agence de création qui entend révolutionner la communication au Japon. Il répond aux questions de FJE.

 

Vous êtes un artiste comblé. Pourquoi vous lancer dans le marketing et l'imagerie numérique ?
Mes spectacles réunissent jusqu'à 15.000 spectateurs et utilisent beaucoup la vidéo. J'ai pris connaissance de nouvelles technologies de marketing et d'imagerie vidéo qui n'existent pas encore au Japon, et ai voulu les exploiter ici. J'ai donc ouvert avec mon associé Pablo Yano une agence de création, Whatif, pour les développer. Nous pouvons par exemple transformer des immeubles entiers en supports artistiques, en refaire des lieux de référence dans la ville... La gare de Tokyo a utilisé à l’occasion de la fin de ses travaux un spectacle à base de technologies d'affichage numérique similaires aux nôtres. Le succès a été phénoménal. Je pense que le potentiel de ces nouveaux outils est énorme si on les utilise de manière très créative. Je veux combiner le marketing et la technologie.
Pensez-vous que le Japon perde son sens de l'innovation ? 
Oui, il me semble que ce pays ralentit un peu. Les Japonais me paraissent moins téméraires qu'auparavant. Les autres pays d'Asie, comme la Chine ou la Thaïlande, attirent le reste du monde. Mais nous avons toujours des entrepreneurs comme Hiroshi Mikitani chez Rakuten ou Yoshikazu Tanaka chez Gree qui tentent de faire bouger les choses. J'espère que le Japon va regagner son dynamisme. Moi, je puise mon énergie localement, mais je pense mondialement.

Vous êtes Japonais d'origine coréenne, et êtes aussi très connu en Corée du Sud. Les deux pays abordent-ils la musique pop différemment ?
Les Coréens sont beaucoup plus sensibles à la mélodie que les Japonais. Ils recherchent leur propre version, asiatique, de Justin Bieber. Pas les Japonais. Le Japon ne peut pas produire un artiste comme Frank Ocean ou Diane Antwerp. Ça n'est pas dans sa culture. D'autre part, l'industrie de la musique coréenne s'est toujours tournée vers l'étranger, tandis que l'industrie japonaise est beaucoup plus orientée vers son marché intérieur.

Le marché de la musique au Japon demeure-t-il particulier ?
Très particulier. Prenez le succès phénoménal du girls' band AKB48 : ses producteurs au fond vendent davantage une expérience que des chansons. Le modèle économique est complètement différent de ce qui se fait ailleurs. J'ai entendu dire qu'on pouvait acheter des secondes de serrage de main des chanteuses !

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