Edito : Printemps français, version japonaise
Printemps français, version japonaise
Le 12 mai, Carlos Ghosn a annoncé la prise de contrôle de Mitsubishi Motors (MMC) par Nissan. MMC se débat à nouveau dans un scandale de tests truqués. L’outil industriel de MMC, son empreinte géographique en Asie demeurent malgré ces turpitudes des atouts superbes. Or le Français est probablement le chef d’entreprise le plus crédible au monde pour résoudre ses problèmes de gouvernance. Le redressement pérenne de Nissan, l’équilibre qu’il maintient entre le Japonais et son partenaire Renault lui donnent toute la légitimité et la confiance pour mener à bien une tâche que la plus prestigieuse des marques japonaises, Mitsubishi, n’a jamais pu achever en trente ans.
Le 26 avril, la Direction des Constructions Navales Systèmes et services (DNCS), un des leaders mondiaux du naval de défense, a été choisie par l’Australie pour un programme de défense de douze sous-marins. Ce contrat, d’une valeur de 34,3 milliards d’euros, avait été surnommé « le contrat du siècle » dans l’industrie. Il représente autant une réussite pour la France qu’un camouflet pour le Japon. L’Archipel, qui veut devenir un exportateur militaire « comme les autres » à la faveur de l’assouplissement de ses règles en la matière, avait énormément misé sur ce contrat. Néophyte dans les calculs complexes des marchés militaires, le Japon a mal coordonné ses acteurs publics et privés à l’assaut de l’Australie. À refuser les transferts de technologie que souhaitait le client, à trop compter sur les relations personnelles nouées entre les gouvernements de Tokyo et Camberra, il a subi un coup de Trafalgar par l’offre française. « Que les Japonais se rassurent, les industriels français de l’armement ont essuyé et continuent d’essuyer ce type de rebuffades. Bienvenue au club ! » commentait, philosophe, le représentant d’un groupe militaire européen.
Ces deux nouvelles sans lien apparent démontrent la complémentarité de la France et du Japon. La première illustre la capacité de gouvernance et la rapidité de réaction d’un chef d’entreprise français à la tête d’une entreprise mondialisée comme Nissan. La seconde montre le professionnalisme d’un groupe français dans la gestion politique de commandes industrielles ultra-sensibles. Deux savoir-faire soft dans la mondialisation que la France, par ses représentants et ses ressortissants, peut aider le Japon à développer par l’exemple et la collaboration.