Témoignages

Entretien avec Loïg Chesnais-Girard, président du conseil régional de Bretagne

Découvrez notre entretien exclusif avec Loïg Chesnais-Girard, président du Conseil régional de Bretagne, lors de sa visite au Japon.

Il revient sur l’attachement unique entre la Bretagne et le Japon à travers des anecdotes culturelles et des liens économiques forts. Il partage sa vision sur des secteurs clés comme l’agroalimentaire, le spatial, les télécoms, et l’avenir en matière de santé et d’innovation.
Une interview enrichissante qui met en lumière la montée en puissance des régions et le rôle essentiel des investisseurs japonais.

Une interview à ne pas manquer !


Résumé détaillé de l’interview de M. Girard, Président de la Région Bretagne :

Introduction :
L’interview commence par un accueil chaleureux de M. Girard, qui évoque l’importance historique de la Bretagne dans les relations économiques entre la France et le Japon. En effet, même si la Bretagne ne se situe pas au centre de la France, elle a joué un rôle clé dans les premiers investissements japonais en France, notamment dans les années 80, avec l’installation d’entreprises comme Canon.

L’attachement particulier entre le Japon et la Bretagne :
M. Girard explique que cet attachement a des racines profondes dans l’histoire. La Bretagne, depuis longtemps, a été ouverte au monde, notamment à travers le cabotage maritime. Ses ancêtres ont probablement été parmi les premiers à échanger avec d’autres cultures et peuples, établissant ainsi un lien historique avec d'autres nations, y compris le Japon. Il évoque également les valeurs communes entre les deux régions, telles que le travail, l’engagement, le respect de la parole donnée, qui se manifestent tant en Bretagne qu’au Japon. Un exemple marquant pour lui est l’engagement des salariés de Canon Bretagne, qui a joué un rôle déterminant dans la décision de ne pas fermer l’usine de l'entreprise en Bretagne. M. Girard met également en avant les similarités entre la Bretagne et le Japon en termes de paysages, notamment le lien fort avec la mer, l’horizon et l’importance de l’identité régionale, vécue avec fierté dans les deux cultures.

Souvenirs personnels et l’arrivée des entreprises japonaises :
M. Girard se souvient de l’arrivée des premières entreprises japonaises dans les années 80, une époque marquée par la méfiance et les craintes liées à la présence d’entreprises étrangères, qu’on qualifiait parfois de "usines tournevis". À cette époque, il y avait beaucoup de doutes sur les véritables intentions de ces entreprises, qui étaient perçues comme venues uniquement pour profiter de certaines conditions fiscales ou pour mieux vendre leurs produits. Cependant, avec le temps, la confiance s’est installée, notamment grâce à la reconnaissance du Japon en tant que pays au niveau de vie comparable à celui de l’Europe, ce qui a permis de dissiper les craintes qui existaient par rapport à des pays dits "émergents".

Tourisme japonais en Bretagne :
Concernant le tourisme japonais, M. Girard explique qu’il reste faible mais stable, avec environ 15 000 Japonais venant chaque année en Bretagne. Cependant, la plupart des touristes japonais restent concentrés dans d’autres régions françaises comme Paris, Bordeaux ou le Mont-Saint-Michel. La Bretagne, bien qu’un endroit attractif, n’est pas encore une destination incontournable pour les Japonais. M. Girard souligne qu’il faut faciliter l’accès à la Bretagne, en encourageant les Japonais à traverser le Couesnon pour découvrir des lieux comme Cancale, Saint-Malo ou Dinard.

Gastronomie et produits de la mer :
La gastronomie, notamment les produits de la mer, est un autre domaine de convergence entre la Bretagne et le Japon. M. Girard mentionne les algues, les fruits de mer et d’autres produits spécifiques à la Bretagne que l’on retrouve aussi au Japon. Il voit un potentiel de collaboration pour explorer ces saveurs et de créer des échanges sur ces produits gastronomiques, avec un accent sur la création de valeur ajoutée pour les exportations bretonnes.

Développement économique et futur de la Bretagne :
En abordant l’avenir économique, M. Girard met en avant l’importance de soutenir les ouvriers des usines bretonnes à capitaux japonais tout en se concentrant sur des secteurs innovants et d’avenir. Il évoque des domaines comme l’hydrogène, le spatial, la santé, et la cybersécurité, où la Bretagne dispose de nombreuses entreprises prometteuses. Il mentionne que la Bretagne a une longue tradition industrielle et qu’elle continue d’investir dans des secteurs stratégiques.

Investisseurs japonais vs autres investisseurs internationaux :
Lorsqu’on lui demande de comparer les investisseurs japonais aux investisseurs d'autres nationalités comme les Américains ou les Chinois, M. Girard explique que les Japonais ont une approche plus axée sur le long terme. Ils pensent au-delà des objectifs immédiats, en regardant à 20, 30 ou 50 ans. Cette approche se marie bien avec la vision de la Bretagne, qui privilégie également le "temps long" dans ses investissements et ses stratégies économiques.

Les régions en France et leur rôle croissant :
Enfin, M. Girard aborde le sujet des régions et de leur rôle grandissant dans la politique économique de la France. Bien que les régions françaises représentent encore une faible part de la dépense publique (2 à 3 %), il note que les présidents de région, dont lui-même, ont assumé de plus en plus de responsabilités en matière économique. Il souligne l’importance de cette proximité avec les entreprises et les acteurs locaux, notamment lorsqu'il s’agit de gérer des investissements internationaux. La capacité des élus locaux à passer du niveau international au niveau local est essentielle pour répondre rapidement aux besoins des entreprises et faciliter les contacts entre acteurs économiques à l'échelle mondiale.

Conclusion :
M. Girard conclut en soulignant l’importance de cette approche locale et internationale combinée, et estime qu’elle sera cruciale pour relever les défis économiques à venir. Il reste confiant dans l’avenir de la Bretagne et dans son rôle au sein de l’Europe, tout en ayant une vision claire sur l’évolution des régions dans le paysage politique et économique de la France.

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