Livres
Les sentiers débattus de Pierre Mustière
Les plus chanceux découvriront qu’ils habitent près du Quai de l’Empereur (à la gare de Harajuku). Les moins fortunés liront qu’ils acquittent leur loyer dans ce qui fut « un des hauts lieux de la fellation » dans la capitale (Shimokitazawa). Tous apprendront quelque chose à la lecture de Tokyo, insolite et secrète, ouvrage aussi indispensable à la découverte de Tokyo que le Guide du routard est inutile. L’auteur, passé du roaming au vagabondage, a parcouru en tous sens la capitale du Japon pour mettre à jour ses secrets, des minuscules (la statue du héros de manga Captain Tsubasa) aux pharaoniques (les digues de la rivière Edo, de 10 mètres de haut sur 200 mètres de large). "Après quinze ans de vie à Tokyo, il y a cinq ou six ans j’ai commencé à me promener et à noter ce que je voyais. J’y suis allé sans autorisation, mais je n’ai été repoussé nulle part", raconte Pierre Mustière. Si vous vous êtes un jour arrêté interloqué devant un immeuble ou un monument, il y a de fortes chances qu’il figure dans son ouvrage. Et si, pour une urgence, vous recherchez L’arbre de la rupture, vous le trouverez dans son livre. Enfin un livre sur Tokyo pour briller en société !
Très détaillé mais jamais ennuyeux, ce guide permet de découvrir le passé d’une ville qui passe son temps, à force de projets immobiliers délirants et prétendument modernes, à l’ensevelir. À quand une série télévisée de promenades dans la plus grande ville du monde signée Pierre Mustière ? Son Tokyo, c’est l’Empire des traces.
Tokyo, insolite et secrète, Pierre Mustière, éd. Jonglez.
Tokyo se fait tirer les portraits
Johann Fleuri a choisi 14 des 9,3 millions d’habitants de Tokyo pour la raconter. 14 portraits, japonais et étrangers, plutôt jeunes (la plupart ont la trentaine) qui permettent au visiteur un accès plus direct à la ville que le Narita Express. Les visiteurs traversent Tokyo comme un rêve, souvent analphabètes, limitant leurs contacts à une courtoisie distante avec ses habitants. Ce petit livre leur permet d’abattre ces barrières. 14 amis dans la plus grande ville du monde ne seront jamais de trop.
Portraits de Tokyo, Johann Fleuri, éd. Hikari.
Manuel Tardits, guide pour se perdre
Architecte, urbaniste, Manuel Tardits est aussi écrivain. Dans Le dit des cigales, il déambule nouvelle après nouvelle dans un Japon de revenants d’avenirs déraillés. Dans les méandres de son livre, on croise des inconnus mais aussi Isamu Noguchi, Pierre Loti, Nicolas Bouvier, et même beaucoup de résidents de longue date lorsqu’il évoque "des collègues résumés à des souvenirs sans partage possible, des amies à des fantasmes charnels, des lieux devenus du vent" : on peine à trouver résumé plus impitoyable et ramassé d’une vie au Japon. Malheur à ceux qui s’y reconnaîtront. Lorsqu’il utilise des phrases courtes, il est parfois saisissant (« l’automne était aux couleurs ») ; mais il égare souvent le lecteur avec des descriptions qui deviennent leur propre objet. Il est vrai que chacun se fait son propre Japon.
Manuel Tardits, Le dit des cigales, éd. L’Harmattan.